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mercredi 7 novembre 2012

Les poissons d'Ile de France, actualisation des données (2012)


Il y a quelques semaines se tenait une conférence donnée par Jean Allardi, président de la Société Française d'Ichtyologie (Museum National d'Histoire Naturelle).
Au niveau Halieutique, beaucoup de rumeurs sont véhiculées, des idées reçues ainsi qu'un classement erroné des espèces nuisibles. La loi pêche a grandement besoin d'être "revisitée" : brochet classé nuisible en première catégorie, ou classement nuisible de la perche soleil sont autant d'aberrations qui subsistent à l'heure actuelle

Les éléments qui ont marqué mon attention : 

Il faut compter et comparer la diversité piscicole par bassin versants. Le bassin du Rhin est plus riche que celui du Rhône, avant le bassin de la Seine qui est le plus pauvre.
La répartition des poissons ne doit pas se faire par pays ou par région; elle doit se faire par bassins versants (les poissons ne connaissant évidemment pas les frontières délimitées par l' Homme).

Pourquoi ?

Parce qu'à l'époque des glaciations, les poissons n'ont réellement survécu que dans le bassin du Rhin, ayant disparu ailleurs. Il existait des silures en France, et il n'a fait que revenir de l'Est, bien qu'ayant été aidé clairement par l'homme (ce serait une femme qui habitait dans la Bresse qui aurait relâché une vingtaine de silures....en espérant qu'on en entendrai parler plus tard ! :shock: )




19 espèces de poissons sur les 45 présentes en France ont été importées, c'est énorme !

Jean Allardi ne s'alarme pas pour autant, en disant qu'on parle toujours "d'équilibre biologique", mais qu'en réalité il n'y en a jamais eu et qu'il n'y en aura jamais, les poissons et les hydrosystèmes étant en perpétuelle évolution (artificiellement ou non)

Le Black Bass :

Il est très favorable au Bass, dit que c'est un poisson au comportement très intéressant et d'une grande qualité halieutique. Il trouve ça parfaitement normal que les black Bass aient du mal à se reproduire en Ile de France, puisque c'est la limite septentrionale de son aire de répartition (le plus au Nord).
  
Le saumon et les migrateurs :

Sur ce coup, il est très défaitiste. Les décisions scientifiques n'ont pas été écoutées pour la construction de la centrale de Nogent sur Marne par exemple. Des aloses tentent de remonter la Seine, et des juvéniles ont été vus dans le 77. Il y a trop de barrages infranchissables, et les frayères à Saumon se situent dans le Morvan. La qualité de l'eau de la Seine s'étant nettement améliorée ces 30 dernières années (le pic de pollution se situant dans les années 60 où il n'y avait quasiment plus de poissons dans la Seine)

Le Glane (la star des débats, que dis-je : la superstar des débats) :

 Il a qualifié sa situation "d’inextricable" . De sérieuses discussions à ce sujet sont en cours actuellement. L'explosion démographique des silures pose problème dans les rivières à migrateurs, où leur prédation sur les saumons est trop importante. Il dit qu'un silure d'1m80 a mangé 10 fois son poids, et multiplié par le nombre de glanes, quoi qu'il arrive ça bouffe et ça n'a pas de prédateurs. Le classer nuisible, et obligation de les tuer ? Non, c'est sur le terrain impossible, et actuellement hors la loi au delà d'un certain poids. Toute carcasse de plus de 30kg est soumis à équarrissage, donc impossible à mettre en pratique

Le Chabot :

Explosion démographique de Chabots dans Paris en Seine...inexpliquée depuis 3 ans environ !

La Moule perlière d'eau douce :

A pratiquement disparu de France car elle a besoin d'eaux très saines, et à moins de 1mg/l de Nitrate

Le Poisson Chat : 

L'invasion du poisson chat en France provient....du MNHN !(Museum National d'Histoire Naturelle). Il a reconnu l'erreur, bien qu'étant accidentelle. Des poissons chats étaient maintenus dans une mare en observation et ils ont réussi à s'échapper pour finalement coloniser une partie des eaux Françaises. A l'époque, l'erreur n'était pas flagrante. Les pollutions étaient nombreuses, inversement proportionnelles aux espèces de poissons. Les scientifiques se disaient que ça allait enrichir la diversité piscicole. Le caractère nuisible du poisson chat n'a pas été prouvé, puisqu'il n'existe aucune étude scientifique à ce sujet.

 La Perche Soleil :

Son caractère nuisible, n'a là encore pas été prouvé. Aucune étude scientifique n'a été faite à son sujet. Au contraire, Jean Allardi souligne le côté positif de la perche soleil, car c'est un poisson facile à pêcher (comme le poisson chat) et que c'est un excellent moyen pour sensibiliser les enfants au milieu aquatique. A la pêche, la concentration d'un enfant est très limitée, et il faut qu'il attrape un poisson immédiatement pour s'y intéresser. Il faut saisir cet instant, car bien souvent ces enfants se passionnent pour le milieu aquatique, et ce seront ses futurs défenseurs.

Le Sandre :

Son expansion rapide en France a son explication.
C'est une pisciculture Française qui élevait ces poissons avec succès, et qui revendait des oeufs fécondés sur des mini frayères artificielles. Ces mini frayères étaient revendues aux APPMA, aux particuliers qui n'avaient plus qu'à les disposer sur les baux de pêche.
Par ailleurs, le sandre est un poisson qui se reproduit très bien avec un faible taux de mortalité. Ce poisson n'a pas besoin de conditions particulières comme le brochet. Il peut se reproduire un peu partout, son nid est fait sur des graviers généralement, et il est gardé par le mâle, ce qui limite très fortement la prédation sur les œufs ou les jeunes alevins qui naissent. Il a donc pu coloniser facilement et rapidement tous les bassins versants de France.
La bucephalose larvaire a inquiété pendant quelques temps, mais la qualité culinaire et gustative du sandre "ont fait passer la pilule" pour devenir actuellement un des poissons préférés des pêcheurs.

Le Brochet :

Poisson emblématique et porte drapeau de la protection des milieux aquatiques en Ile de France. Ses effectifs démographiques sont catastrophiques en aval de Paris. Cette situation s'explique évidemment par le fait que les zones de frayères ont disparu, et sont quasiment inexistantes sur des kilomètres en amont. Le brochet change ses habitudes de repro, en pondant sur des plantes immergées au lieu de pondre dans les prairies alluviales (qui ne sont pratiquement plus jamais inondées du fait des activités humaines) avec plus ou moins de chances de réussite. Son classement nuisible en première catégorie est complètement stupide et aberrant. Si le brochet est présent en 1ère catégorie, c'est qu'il y trouve des conditions favorables, et que la rivière n'a pas un profil de rivière à truites réellement.

Protection du milieu, surveillance : 

L'ONEMA n'a plus d'agents de terrain, un fort manque de surveillance et d'action de terrain se fait ressentir. La protection des milieux aquatiques doit donc passer par une responsabilité et un civisme des pêcheurs. Il faut se fédérer, créer des asso, et entamer des actions de terrain (bien souvent les collectivités peuvent aider : prêt de gants, matériel, prêt d'un camion benne, etc)